À partir du 1ᵉʳ novembre 2024, les retraites complémentaires Agirc-Arrco bénéficient d’une revalorisation de 1,6 %. Bien que cette hausse représente un effort financier conséquent pour le régime, elle est jugée insuffisante par de nombreux retraités, qui voient leur pouvoir d’achat encore grignoté par une inflation en hausse. L’impact de cette augmentation reste limité, et les réformes budgétaires imposent des sacrifices aux pensionnés du régime général.
Alors que l’inflation prévue pour 2024 est de 1,8 %, le conseil d’administration de l’Agirc-Arrco a décidé d’appliquer une augmentation de 1,6 % aux retraites complémentaires, un compromis atteint après des négociations intenses. Les syndicats avaient plaidé pour un alignement complet sur l’inflation, tandis que le Medef proposait une revalorisation de seulement 1,5 %, invoquant les contraintes financières.
Cette augmentation permet au régime de rester sur une trajectoire budgétaire stable, sécurisant les réserves pour les 15 années à venir. Pour les retraités, cette hausse représente une amélioration symbolique mais limitée, avec des gains moyens de 8 à 24 euros par mois.
Montant de la pension complémentaire Agirc-Arrco | Augmentation mensuelle (1,6 %) | Nouvelle pension mensuelle |
---|---|---|
300 € | 4,80 € | 304,80 € |
500 € | 8,00 € | 508,00 € |
800 € | 12,80 € | 812,80 € |
1 000 € | 16,00 € | 1 016,00 € |
1 200 € | 19,20 € | 1 219,20 € |
1 500 € | 24,00 € | 1 524,00 € |
Cette augmentation, bien que bénéfique pour certains, n’empêche pas un sentiment de frustration chez les retraités, qui voient leur pouvoir d’achat diminuer face à une inflation persistante. Comme l’a exprimé une retraitée, ces quelques euros supplémentaires permettront tout juste de « payer deux baguettes en plus chaque mois ».
Pour les retraités dépendant du régime général, la situation s’avère encore plus délicate. Le gouvernement a en effet reporté la revalorisation des retraites de base au 1ᵉʳ juillet 2025, au lieu de janvier. Cette mesure, destinée à économiser 3,6 milliards d’euros, laisse les retraités concernés sans revalorisation pendant les six premiers mois de l’année.
Initialement prévue pour s’aligner avec une inflation de 2,3 %, la hausse risque également d’être revue à la baisse au moment de sa mise en application en juillet. Ce décalage et la possible réévaluation soulèvent de vives inquiétudes, d’autant que cette décision touche particulièrement les retraités les plus modestes.
En parallèle, le minimum vieillesse bénéficiera d’une augmentation de 1,8 % dès janvier 2025, garantissant un gain de 18 euros par mois pour environ 600 000 retraités en situation de précarité. Cette revalorisation vise à soutenir les plus modestes face à l’augmentation continue du coût de la vie, même si elle reste en deçà des attentes de certains bénéficiaires.
Contrairement aux retraites de base, le régime Agirc-Arrco, géré de manière paritaire, parvient à stabiliser ses finances tout en revalorisant les pensions. Brigitte Pisa, présidente de l’Agirc-Arrco, a précisé que cette augmentation de 1,6 % est possible grâce à une stratégie de gestion prudente, garantissant la solvabilité du régime à long terme.
Le coût de cette revalorisation pour l’Agirc-Arrco est estimé à 1,6 milliard d’euros en année pleine, sans financement public. Ce modèle de gestion paritaire, basé sur un consensus entre syndicats et patronat, permet de maintenir les pensions à un niveau stable malgré la pression financière. Toutefois, la marge de manœuvre reste limitée, et les partenaires sociaux craignent de devoir imposer des ajustements plus stricts si les contraintes budgétaires continuent de s’aggraver.
À mesure que les discussions sur la réforme des retraites avancent, les retraités redoutent des coupes supplémentaires. Le gouvernement et les partenaires sociaux examinent actuellement un seuil en dessous duquel les petites retraites seraient exemptées des ajustements futurs, avec des montants envisagés entre 1 200 et 1 600 euros. Le besoin d’un équilibre budgétaire solide pourrait néanmoins conduire à des mesures encore plus restrictives.
Pour les retraités, la question reste de savoir si ces ajustements parviendront à préserver leur niveau de vie dans un contexte où les coûts continuent de grimper. La hausse de l’Agirc-Arrco est une mesure bienvenue, mais elle souligne aussi les limites des ajustements actuels face à l’inflation, laissant entrevoir des débats intenses dans les mois à venir.