AAH : 237 € de plus par mois ? Ce que la réforme ne vous dit pas

Auteur Manuel Martin
Publié le 9 janvier 2025 à 07h07Par Manuel Martin

Depuis 2023, la réforme de l'Allocation aux adultes handicapés (AAH) et les annonces de revalorisation pour 2025 font grand bruit. Si les mesures sont présentées comme une avancée majeure, la réalité est plus nuancée. Qui sont les vrais gagnants ? Qui en ressort perdant ? Une analyse des promesses et des limites de cette refonte.

AAH : 237 € de plus par mois ? Ce que la réforme ne vous dit pas

La déconjugalisation : un progrès attendu, mais imparfait

La mesure phare de cette réforme est la déconjugalisation des revenus, appliquée depuis octobre 2023. Désormais, les revenus du conjoint ne sont plus pris en compte dans le calcul de l'AAH. Une victoire pour les associations, mais aussi une réforme qui révèle des inégalités.

Les bénéficiaires sont-ils vraiment gagnants ?

Selon l’Insee, environ 150 000 foyers ont vu leurs revenus augmenter de 237 € par mois en moyenne, soit 2 840 € annuels. Cette réforme a permis à de nombreuses personnes de regagner une certaine autonomie financière. Mais attention : ce n’est pas un miracle pour tout le monde. Certains ménages, en particulier les plus modestes, ne voient aucune amélioration, voire subissent des pertes.

Derrière l'enthousiasme officiel se cachent des cas problématiques. Les foyers où les revenus individuels dépassent le plafond fixé pour l’AAH se retrouvent pénalisés, malgré une situation globale parfois fragile.

Revalorisation 2025 : une hausse qui fait grincer des dents

À partir d’avril 2025, le montant de l’AAH passera à 1 035,53 € par mois, contre 1 016,05 € en 2024. Une augmentation de 1,9 %, officiellement destinée à compenser l’inflation. Mais sur le terrain, le compte n’y est pas.

Une hausse qui ne suit pas l’inflation

Avec une inflation estimée à 4 %, les bénéficiaires dénoncent une revalorisation dérisoire. Entre la hausse des coûts liés aux soins, aux équipements ou aux adaptations du logement, cette augmentation ne couvre même pas les besoins essentiels.

Le gouvernement se félicite de cette mesure, mais pour les bénéficiaires, c’est une autre histoire. Une revalorisation insuffisante, qui ressemble davantage à un ajustement technique qu’à une véritable avancée sociale.

Qui peut encore prétendre à l’AAH en 2025 ?

Si la déconjugalisation a simplifié l’accès à l’AAH pour certains, les critères restent stricts. Les plafonds de ressources, ajustés pour chaque situation familiale, limitent l’accès à l’aide pour des milliers de foyers.

Une allocation toujours soumise à des contraintes

Pour être éligible, le bénéficiaire doit avoir un taux d’incapacité minimum de 50 %, avec une restriction substantielle et durable à l’emploi reconnue par la CDAPH. Les revenus personnels, eux, ne doivent pas dépasser un plafond annuel de 12 193 € pour une personne seule, un seuil jugé déconnecté de la réalité par de nombreux bénéficiaires.

Quels changements pour les couples et les familles ?

Avec la déconjugalisation, seuls les revenus individuels du bénéficiaire comptent. Mais pour les foyers avec enfants, les plafonds restent peu adaptés aux dépenses spécifiques des familles touchées par le handicap.

Situation familialePlafond annuel de ressourcesMontant supplémentaire par enfant
Personne seule12 193 €6 097 €
Couple18 289 €6 097 €

Des progrès réels, mais une réforme encore incomplète

Les annonces de réforme de l'AAH ont suscité l'espoir, mais elles laissent aussi un goût amer. Si la déconjugalisation est un pas dans la bonne direction, elle ne règle pas les problèmes structurels de cette allocation.

Les bénéficiaires dénoncent le manque de revalorisation ambitieuse, la lourdeur administrative des démarches, et un écart croissant entre leurs besoins réels et le montant alloué. En bref, la réforme est une avancée, mais elle reste loin de répondre aux attentes d’une aide réellement juste et adaptée.


L’AAH continue de diviser, entre promesses politiques et réalité économique. Cette réforme, bien que saluée, souligne une fois de plus la difficulté de concilier les impératifs budgétaires avec les besoins des plus vulnérables.

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