Depuis le 1er octobre 2023, la réforme de la déconjugalisation de l'Allocation aux Adultes Handicapés (AAH) a modifié en profondeur le mode de calcul de cette aide sociale. Si cette mesure permet à certains bénéficiaires de voir leur allocation augmenter jusqu’à 237 euros, d'autres foyers, notamment les plus modestes, subissent des baisses inattendues. Qui sont les gagnants et les perdants de cette réforme ? Quelles conséquences concrètes pour les ménages concernés ? Décryptage.
Avant la réforme, l’AAH était calculée en fonction des revenus du foyer, c'est-à-dire en prenant en compte ceux du bénéficiaire et ceux de son conjoint. Résultat : 42 % des couples bénéficiaires voyaient leur aide réduite ou supprimée, même si le bénéficiaire lui-même n'avait que peu ou pas de ressources personnelles.
Depuis octobre 2023, ce n’est plus le cas : seuls les revenus du bénéficiaire sont désormais pris en compte. Cela permet à de nombreux allocataires de toucher une aide plus importante et de gagner en autonomie financière.
📌 Exemple concret :
Les principaux bénéficiaires de cette réforme sont les personnes vivant en couple dont le conjoint avait des revenus moyens ou élevés. Avec la nouvelle règle, ces allocataires reçoivent désormais l’AAH à taux plein ou avec une réduction moindre.
Une étude de la CAF révèle que 60 % des foyers bénéficiaires voient leur allocation augmenter, avec des hausses atteignant 237 € par mois.
Catégorie de bénéficiaires | Impact de la réforme | Montant moyen gagné |
---|---|---|
Célibataires | Aucun changement | 0 € |
Personnes vivant en couple dont le conjoint a un revenu élevé | Hausse de l’AAH | Jusqu’à +237 €/mois |
Personnes vivant en couple dont le conjoint a un revenu modéré | Hausse de l’AAH, mais moindre | Entre +50 et +150 €/mois |
Couples où seul le bénéficiaire travaille | Peu d’impact | Variable selon les cas |
Cette évolution permet une plus grande indépendance financière pour les personnes handicapées, qui ne sont plus pénalisées par les revenus de leur conjoint.
Si la réforme a un effet positif pour de nombreux foyers, 12 % des ménages les plus modestes subissent au contraire une baisse de leurs ressources. Ce paradoxe s’explique par le fait que, sous l’ancien mode de calcul, certains couples bénéficiaient d’un effet cumulatif favorable entre les revenus du foyer et le montant de l’AAH.
📌 Exemple concret :
Catégorie de bénéficiaires | Impact de la réforme | Montant moyen perdu |
---|---|---|
Couples où les deux membres ont des revenus faibles | Réduction de l’AAH | -50 à -110 €/mois |
Personnes ayant un emploi à temps partiel et vivant avec un bénéficiaire de l’AAH | Baisse des ressources globales du couple | Jusqu’à -150 €/mois |
Bénéficiaires ayant peu de revenus mais dont le conjoint avait un salaire modeste | Impact variable | -80 €/mois en moyenne |
Face aux critiques, le gouvernement a mis en place une période de transition pour éviter que certains foyers ne subissent une perte brutale de revenus. Concrètement, les bénéficiaires peuvent choisir de conserver l’ancien mode de calcul si celui-ci est plus avantageux.
📌 Comment ça marche ?
Ce dispositif est particulièrement utile dans les zones rurales, où les revenus des ménages sont souvent plus instables.
Si la réforme de la déconjugalisation est perçue comme une avancée majeure pour l’indépendance financière des personnes en situation de handicap, elle pose néanmoins quelques problèmes administratifs et d’équité.
✅ Plus de justice sociale : les revenus du conjoint ne pénalisent plus les bénéficiaires.
✅ Une meilleure autonomie financière pour ceux qui vivaient auparavant avec un conjoint aux revenus trop élevés pour percevoir l’AAH.
✅ Une hausse significative pour 60 % des foyers bénéficiaires.
❌ Un manque de clarté administrative, avec des bénéficiaires qui ne savent pas toujours quel mode de calcul leur est le plus favorable.
❌ Des pertes pour certains ménages modestes, ce qui crée un effet paradoxal.
❌ Des démarches parfois complexes, notamment pour comparer les anciens et nouveaux modes de calcul.
La réforme de la déconjugalisation de l’AAH est un changement majeur qui bénéficie à une majorité de foyers, mais elle pénalise certains couples modestes. Le dispositif transitoire permet de limiter les effets négatifs à court terme, mais des ajustements restent nécessaires pour éviter que certains allocataires ne se retrouvent en difficulté.
Si vous êtes concerné par l’AAH, vérifiez bien votre situation auprès de la CAF et prenez le temps d’analyser quel mode de calcul est le plus avantageux pour vous.