La garantie individuelle de pouvoir d’achat (GIPA), versée chaque automne depuis 2008 aux fonctionnaires dont la rémunération ne suit pas l’inflation, ne sera pas reconduite cette année. Avec ce gel de l’indemnité, l’État espère économiser 267 millions d’euros, au grand dam des 345 000 agents concernés et des syndicats qui voient dans cette décision une menace pour le pouvoir d’achat et la stabilité financière des fonctionnaires, notamment les agents de catégorie A et les personnels hospitaliers. La précarité des mères célibataires, particulièrement affectées par la hausse du coût de la vie, révèle une fracture sociale plus large sur le pouvoir d’achat en France.
La GIPA est une aide instaurée en 2008 pour compenser l’écart entre l’inflation et les salaires stagnants des fonctionnaires. Ce dispositif concerne ceux dont l’évolution de la rémunération brute n’a pas suivi la hausse des prix sur les quatre dernières années. Jusqu’ici, le montant de la GIPA variait entre 1 500 et 2 200 euros par agent, un soutien précieux pour de nombreux agents de catégorie A, B et C, mais aussi les contractuels. En supprimant cette indemnité, le ministère de la Fonction publique entend maîtriser les dépenses dans un contexte budgétaire contraint, une décision qui fait grincer des dents alors que le pouvoir d’achat est mis à rude épreuve.
Catégorie de fonctionnaire | Montant moyen de la GIPA (en €) | Agents concernés | Proportion des bénéficiaires |
---|---|---|---|
Catégorie A | 1 500 - 2 200 | Cadres, enseignants, infirmiers | 58 % |
Catégorie B | 1 500 - 2 200 | Administratifs | 17 % |
Catégorie C | 1 500 - 2 200 | Agents d’exécution | 11 % |
Contractuels | 1 500 - 2 200 | Agents en CDD/CDI | 14 % |
Total | - | 345 000 agents | 100 % |
Le choix de supprimer cette indemnité en 2024 représente une rupture pour les agents, habitués depuis quinze ans à cette compensation. Les syndicats, et en particulier la CFDT, estiment que la mesure est inadmissible, d’autant que les fonctionnaires peinent à faire face à la hausse du coût de la vie, leurs salaires progressant peu malgré l’inflation.
La suppression de la GIPA en 2024 a déclenché une vive réaction syndicale. Selon la CFDT, cette indemnité, devenue essentielle pour nombre d’agents, palliait les faibles augmentations du point d’indice, qui progresse à un rythme très inférieur à celui des prix. L’arrêt de la GIPA intervient dans un climat où la rémunération des fonctionnaires, largement critiquée, ne bénéficie pas d’une revalorisation adaptée aux réalités économiques.
Face à cette décision, le ministre Guillaume Kasbarian a déclaré qu’il n’avait jamais été question de pérenniser la GIPA « ad vitam aeternam », affirmant que ce soutien ne pouvait devenir permanent. Le ministère justifie son choix en estimant que la GIPA « bénéficie aujourd’hui principalement aux agents en fin de carrière », et ne reflète donc plus les priorités actuelles en matière de politique salariale. Pour autant, cette explication ne convainc pas les syndicats, qui craignent une précarisation accrue de leurs membres et envisagent de nouvelles actions pour faire entendre leur mécontentement.
En parallèle des difficultés rencontrées par les fonctionnaires, la précarité des mères célibataires en France révèle une fracture plus profonde sur la question du pouvoir d’achat. Selon une étude de l’INSEE, 39 % des mères seules vivent sous le seuil de pauvreté, contre 28 % pour les pères célibataires. Ces disparités s’expliquent par des conditions professionnelles souvent moins favorables pour les mères isolées, qui peinent à accéder à des postes de responsabilité en raison de charges domestiques lourdes et de revenus plus faibles.
Type de famille | Proportion sous le seuil de pauvreté | Revenu annuel moyen (en €) |
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Mères célibataires | 39 % | 13 630 |
Pères célibataires | 28 % | 19 920 |
Couples avec enfants | Moins de 15 % | 19 920 |
Les mères célibataires sont également plus nombreuses à résider en zone urbaine, où le coût de la vie est plus élevé, et rencontrent souvent des obstacles pour accéder à la propriété. Les charges domestiques non partagées, combinées à un faible niveau de qualification pour près de la moitié d’entre elles, aggravent leur précarité. Les syndicats, les associations familiales et les observateurs sociaux appellent donc à une révision des dispositifs de soutien au pouvoir d’achat pour répondre à la vulnérabilité croissante des familles monoparentales.
Les débats autour de la suppression de la GIPA et de la précarité des mères célibataires mettent en lumière des besoins criants en matière de réforme des dispositifs d’aide. Les syndicats demandent une revalorisation pérenne du point d’indice pour les fonctionnaires, afin d’assurer une compensation réelle face à l’inflation. Pour les familles monoparentales, certains préconisent la mise en place de mesures spécifiques, comme l’amélioration des aides au logement et une politique d’insertion professionnelle qui tienne compte des réalités familiales.
Alors que l’inflation continue de peser sur les ménages, ces deux situations révèlent des fractures sociales importantes. La suppression de la GIPA en 2024 pourrait bien être le déclencheur de réformes nécessaires pour adapter les aides sociales aux réalités actuelles, tant pour les agents publics que pour les familles monoparentales en situation de précarité.