Depuis le début de 2025, les règles d’utilisation des tickets-restaurants ont été drastiquement modifiées, bouleversant les habitudes de millions de Français. Retour sur une réforme qui suscite débat et colère, tout en replaçant les restaurateurs au cœur du dispositif.
Pendant la pandémie, les tickets-restaurants avaient été élargis pour couvrir une grande variété de produits alimentaires, soulageant les budgets des ménages. Mais depuis le 1ᵉʳ janvier 2025, c’est fini : seules les denrées directement consommables restent éligibles. Exit les pâtes, le riz, la viande crue et bien d’autres produits du quotidien.
Les consommateurs, déjà confrontés à une inflation persistante, se sentent abandonnés. Éva, salariée en télétravail, partage son désarroi : « Avec ces nouvelles règles, je dois acheter uniquement des produits prêts à consommer. C’est moins pratique et plus cher. »
Malgré les restrictions, certains produits restent autorisés. La liste est claire : seules les denrées prêtes ou nécessitant peu de préparation sont couvertes.
Produits autorisés | Exemples |
---|---|
Fruits et légumes | Tous, qu’ils soient consommables ou non |
Plats préparés | Surgelés, frais, végétariens ou carnés |
Poissons transformés | Rillettes, surimis, brandades |
Produits de boulangerie | Pain, viennoiseries, pâtisseries |
Produits laitiers | Fromages, yaourts, lait, crème |
Soupes, quiches et pizzas | Options fraîches ou surgelées |
En revanche, les produits bruts comme les féculents, la viande crue ou les œufs sont exclus, une mesure qui pénalise de nombreux foyers.
Pour les restaurateurs, cette réforme est un souffle d’air frais. Depuis des années, ils dénonçaient l’utilisation abusive des tickets-restaurants pour faire des courses en supermarché. « C’est une mesure qui ramène les clients dans nos établissements », se réjouit Léïa Roger, restauratrice à Lyon.
Mais les consommateurs ne partagent pas cet enthousiasme. Lucas, étudiant, s’inquiète : « Avant, je pouvais préparer mes repas avec des produits simples achetés en supermarché. Maintenant, je dois revoir tout mon budget. » Dans les supermarchés, la situation est tout aussi tendue. Des employés signalent déjà une baisse des ventes sur les produits exclus.
Malgré l’entrée en vigueur des nouvelles règles, certaines enseignes continuent d’accepter les tickets-restaurants pour des produits désormais interdits. Une enquête menée par Capital montre que des enseignes comme Casino ou Carrefour n’ont pas encore mis à jour leurs systèmes de caisse. Résultat : il est toujours possible d’acheter des pâtes ou de la viande avec ces titres.
Cette incohérence irrite les restaurateurs, qui demandent des contrôles renforcés. Pour l’instant, la Direction générale de la concurrence et de la consommation (DGCCRF) reste silencieuse.
Face à la polémique, le Centre national des titres-restaurant (CNTR) propose une refonte du dispositif. Une idée envisagée : diviser le plafond quotidien en deux. Par exemple, 15 euros pour la restauration sur place et 10 euros pour les achats en supermarché. Cette proposition, bien que séduisante, est encore loin d’être appliquée.
En attendant, les consommateurs doivent s’adapter à ces nouvelles restrictions. Si cette réforme soutient les restaurateurs, elle met en lumière une réalité plus complexe : les tickets-restaurants ne répondent plus aux besoins des utilisateurs comme avant. Les prochains mois seront décisifs pour définir l’avenir de ce dispositif.